Près de 180 tombes profanées au Havre, cinq jeunes interpellés sur les lieux

Environ 180 tombes, dont un quart de sépultures de personnes de confession juive, ont été endommagées dans la nuit de samedi à dimanche dans l'un des principaux cimetières du Havre, un acte qui s'ajoute à deux récentes profanations dans des cimetières du nord de la France. Cinq jeunes, dont deux mineurs, ont été interpellés sur les lieux dans la nuit et étaient toujours en garde à vue dimanche soir dans les locaux de la police du Havre.

Les tombes ont été "très fortement dégradées" dans le cimetière Sainte-Marie, a déclaré le procureur général près la cour d'appel de Rouen.

Selon le président du consistoire juif du Havre, Victor Elgressy, les auteurs se sont d'abord attaqués à une quarantaine de tombes du carré juif en dessinant à la peinture noire des croix gammées et des croix celtiques avant de dégrader d'autres sépultures, chrétiennes.

Des croix, des stèles et des pierres tombales, qui semblent avoir été choisies au hasard dans le vaste cimetière, ont été renversées ou fracassées. Dans le carré juif, les inscriptions ont été nettoyées dimanche et n'étaient plus visibles en début de soirée.

C'est un passant qui a alerté la police après s'être rendu compte qu'il se passait des choses anormales dans le cimetière, a-t-on appris de source proche de l'enquête. Les policiers sont alors intervenus et ont interpellé les cinq jeunes sur les lieux.

"Quels que soient les motifs idéologiques invoqués par les auteurs, ces actes sont intolérables et inqualifiables", a déclaré à l'AFP M. Elgressy, qui s'est rendu sur place dimanche après-midi avec le maire UMP du Havre Antoine Rufenacht. "Ces actes sembleraient avoir une connotation raciste mais ne se sont pas résumés à cela", a déclaré M. Rufenacht, en réclamant "des sanctions aussi sèvères que possible pour leurs auteurs".

Jacques Chirac a "condamné avec une extrême fermeté" cette profanation et dénoncé "une insulte à la mémoire de nos morts et une blessure pour tous les Français".

Pour le président de la République, "les auteurs, qui ont été pris sur le fait, devront être punis avec toute la rigueur de la loi".

"Il appartiendra à la justice de sanctionner sévèrement ces comportements inacceptables", a ajouté François Baroin, le ministre de l'Intérieur.

Une information judiciaire sera ouverte "dès que les éléments de l'enquête auront été réunis", a annoncé le procureur général près la cour d'appel de Rouen.

Selon lui, les jeunes interpellés pourraient être poursuivis pour les chefs suivants: "destruction ou dégradation grave du bien d'autrui commise en réunion, violation ou profanation de sépulture, violation ou profanation de sépulture commise en raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, des personnes décédées à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée".

Cette profanation survient après celle, jeudi, de 52 tombes musulmanes du cimetière militaire Notre-Dame-de Lorette, près d'Arras, pour laquelle trois jeunes gens ont été interpellés.

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, 51 tombes avaient été dégradées dans le carré juif du cimetière de Lille-Sud, un acte pour lequel un homme de 32 ans a été mis en examen et écroué. (AFP)