Le conseil des prud'hommes de Caen (Calvados) a mis mardi en délibéré au 11 septembre sa décision dans l'affaire qui oppose 597 ex-salariés de Moulinex à leur ancien employeur. Les anciens employés des sites de Bayeux, Falaise et Cormelles-le-Royal (Calvados) et d'Alençon (Orne), contestent les conditions de leur licenciement à la suite de la fermeture de ces quatre usines en octobre 2001.

L'audience qui s'est déroulée au centre des congrès de Caen en raison du nombre exceptionnel de plaignants, a débuté mardi par les plaidoiries des avocats des plaignants, dont 386 avaient fait le déplacement pour l'occasion. Les conseils se sont escrimés à démontrer l'illégalité des procédures de licenciement, insistant sur les situations précaires dans lesquelles se trouvent encore la plupart des employés licenciés: chômage pour certains, travail intérimaire pour d'autres, voire dépression dans quelques cas. Les avocats ont réclamé mardi l'équivalent de deux à trois ans de salaire, des dommages et intérêts pour chaque salarié concerné pour non respect des conditions de licenciement.

Pour Maguy Lalisel, présidente de l'association des ex-salariés, ce procès de grande ampleur doit, "à l'époque où on parle beaucoup de délocalisations et de fermetures d'usines, être un exemple pour les gens. Il faut que les salariés se battent pour leurs droits qui leur ont été retirés".

Dans l'après-midi, les défenseurs représentant les créanciers et les liquidateurs de Moulinex se sont attachés à plaider l'irrecevabilité des demandes d'indemnisations. Pour Me Philippe Salomon, "certains salariés ont déjà obtenu un certain nombre de sommes de la part de Moulinex, de la part de l'Etat. On ne peut donc pas aujourd'hui venir encore demander des sommes" à l'Association pour la gestion du régime des créances des salariés (AGS).

A l'issue de l'audience, les 386 ex-salariés n'osaient pas se prononcer sur l'issue du procès. Marie-Gisèle Chevalier, qui a passé 34 ans chez Moulinex, a confié à l'Associated Press: "Ca a été notre procès. Les problèmes ont été bien pointés. Pour nous, le conseil des prud'hommes représente notre espérance et on ira jusqu'au bout". AP