Le procureur de la République a requis mercredi matin des peines de prison allant de trois à six ans ferme à l'encontre des 11 des 12 émeutiers présumés qui comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel d'Evreux (Eure) pour des heurts avec les forces de l'ordre les 5 et 6 novembre 2005.

Ils sont poursuivis pour violences aggravées, vols aggravés, dégradation de biens d'autrui, fabrication d'engins explosifs ou incendiaires. Pour l'un des prévenus, le procureur n'a rien requis car pour lui les preuves de sa culpabilité ne sont pas suffisantes.

A l'encontre de la prévenue de 55 ans qui comparaissait pour ne pas avoir alerté la police que des cocktails molotov étaient fabriqués dans les caves de son immeuble, le procureur a demandé à ce qu'elle ne soit pas poursuivie. A la suspension de l'audience, la prévenue a fait un malaise et les pompiers l'ont évacuée sur un hôpital.

Douze jeunes hommes âgés de 19 à 26 ans sont jugés pour avoir participé il y a un an à des affrontements avec la police dans le quartier de la Madeleine à Evreux. Dans la nuit du 5 au 6 novembre, environ 200 jeunes s'en étaient pris aux forces de l'ordre. Seize policiers et pompiers avaient été blessés, dont deux policières municipales très grièvement. Une trentaine de voitures et une dizaine de commerces avaient été brûlés ou pillés.

L'enquête s'était révélée longue et délicate, comme l'a souligné le procureur mercredi, car dans cette affaire il n'y a pas de preuve. Tout repose sur des témoignages, la plupart du temps anonymes par peur des représailles. Beaucoup de jeunes ce soir-là portaient des cagoules. Certaines identifications ont été rendues possibles grâce à des vidéos de caméras de surveillance mais de mauvaise qualité. Devant leur procès, tout les prévenus ont nié avoir participé aux émeutes.

Le jugement doit être rendu mercredi dans la soirée. Huit mineurs qui auraient également participé à cette nuit d'émeute seront jugés à huis clos jeudi et vendredi par le tribunal pour enfants d'Evreux. Parmi eux, deux auraient eu un rôle important dans ces heurts. Ils encourent jusqu'à cinq ans de réclusion criminelle. (AP)