Trois jours plus tard, un couvre-feu total, le plus strict de France durant les troubles de l'automne 2005, avait été instauré à La Madeleine pendant une semaine.

Parmi les prévenus, figurent 20 jeunes âgés de 16 à 24 ans au moment des faits, dont huit sont encore détenus. Une femme de 55 ans est également poursuivie pour "omission de porter secours" parce qu'elle n'aurait pas averti les autorités de faits dont elle aurait eu connaissance.

L'infraction la plus grave porte sur des faits de "violences en réunion, avec armes et sur personnes dépositaires de l'ordre public", passible de dix ans de prison pour les majeurs, une peine réduite de moitié pour les mineurs. Les autres poursuites concernent "la fabrication d'engins explosifs ou incendiaires", "la dégradation de biens d'autrui" ou "la soustraction d'objets pour faire obstacle à une enquête".

A Evreux, les violences urbaines qui ont affecté la France à l'automne 2005 ont été essentiellement limitées à cette nuit-là. "La ville a été touchée par la tâche d'huile qui s'est répandue à l'échelle nationale avec l'hypermédiatisation de ces faits sans que nous ayons affaire à une organisation occulte qui aurait tiré les ficelles", assure Jean Berkani, le procureur de la République.

Ce magistrat souligne la singularité d'un tel procès au cours duquel "il conviendra d'établir le rôle de chaque individu dans un phénomène collectif où chaque acte n'aurait pu être commis sans la présence d'autres personnes jouant un rôle d'encouragement".

De leur côté, les avocats de la défense veulent que le tribunal apporte "une réponse individuelle" à chacun des prévenus en se gardant de toute généralisation. "Dans le cas où les prévenus nient, il faudra s'attacher à vérifier leur implication réelle dans les faits en sachant que ceux-ci ont été commis de nuit par des groupes très mobiles et que certains des auteurs avaient le visage masqué d'un foulard", explique Me Frédéric Surel qui défend deux majeurs et deux mineurs.

Dans le quartier de La Madeleine qui rassemble 19.000 habitants, soit 35% de la population d'Evreux, la plus grande partie des logements appartient à des bailleurs sociaux, un jeune sur deux est au chômage et quatre familles sur dix vivent d'allocations. (AFP)