Le curé de la paroisse de Gisors (Eure), Wenceslas Munyeshaka, a été rattrapé par son passé.
Hier, le tribunal militaire rwandais l'a condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité. Il a été reconnu coupable d'avoir, courant septembre 1994, participé au génocide, en aidant au massacre de membres de la communauté tutsie et de plusieurs viols, commis à la même période, dans les locaux de sa paroisse de la Sainte-Famille à Kigali.
Wenceslas Munyeshaka s'était d'abord réfugié en Ardèche à partir de 1995. Année durant laquelle il avait été mis en examen pour « génocide » et incarcéré brièvement à la maison d'arrêt de Privas. Ce n'est que quelques mois plus tard, en 1997, que Wenceslas Munyeshaka a découvert la Normandie.
Mgr Jacques David, à l'époque évêque d'Evreux, lui a alors confié un ministère aux Andelys. Depuis 2001, il est prêtre-coopérateur pour les paroisses Gisors-vallée d'Epte. Il y célèbre tous les sacrements, ainsi que les obsèques religieuses. Le père Wenceslas Munyeshaka est également en charge de l'aumônerie des collèges et lycées. Par ailleurs, l'ancien évêque d'Evreux l'a désigné comme aumônier des Scouts de France.
Si le père Morin, l'autre prêtre-coopérateur des paroisses Gisors-vallée d'Epte, estime que son « frère » est « bien intégré », la présence de Wenceslas Munyeshaka soulève des protestations. A une dizaine de reprises, des manifestants ont troublé la sortie de ses offices en réclamant qu'il soit jugé pour les faits qui lui étaient reprochés.
Si la justice rwandaise l'a jugé, reste à savoir quel sera son avenir. Il n'existe pas de traité d'extradition entre les deux pays. En effet, la France n'a jamais extradé de personne recherchée par la justice rwandaise. C'est ainsi, qu'en décembre 2005, la France n'a pas répondu au mandat d'arrêt international lancé contre Wenceslas Munyeshaka.
L'évêché d'Evreux (Eure) estime vendredi que le père Wenceslas Munyeshyaka bénéficie toujours de la présomption d'innocence.
« La condamnation, par contumace, dont le père Wenceslas Munyeshyaka a fait l'objet, n'engage que le tribunal qui l'a prononcée, à savoir un tribunal militaire rwandais, dans un contexte aujourd'hui qui reste difficile dans ce pays », explique l'évêché dans un communiqué.